Tout le monde peut devenir Honjok et apprendre cette philosophie de vie coréenne pour être vraiment heureux avec soi-même.
En Corée du Sud, un pays où la perfection et la diligence sont des conditions indispensables pour s’épanouir et s’affirmer dans la société, un mouvement qui remet en question les canons traditionnels du conformisme et du collectivisme est en train de prendre de l’ampleur : il s’agit du Honjok. Ce terme, qui combine les mots hon (seul) et jok (tribu), exprime une nouvelle façon de concevoir l’individualité. Au lieu de se concentrer sur le groupe, comme c’est le cas dans la tradition coréenne, le concept de Honjok célèbre la force de l’individu comme élément central de son existence, en promouvant une existence plus authentique et plus libre.
Le mouvement Honjok représente une véritable révolution culturelle : il ne s’agit pas seulement d’une philosophie, mais d’un changement radical dans la façon dont on se rapporte à soi-même. Honjok signifie apprendre à s’apprécier soi-même sans avoir à se comparer continuellement aux normes imposées par la société. Dans un contexte comme celui de la Corée, où l’ambition, la réussite professionnelle et l’affirmation sociale sont des facteurs déterminants, ce mouvement cherche à recentrer l’attention sur la sérénité et le bien-être intérieur, qui sont souvent négligés au profit des attentes extérieures.
Apprendre à vivre de manière indépendante
Être un Honjok ne signifie pas nécessairement vivre dans la solitude au sens strict du terme, mais apprendre à vivre de manière indépendante, en suivant son propre rythme et ses propres désirs. Le mouvement encourage à prendre des décisions qui, bien que considérées comme inhabituelles, voire scandaleuses dans une société fortement collectiviste comme la société coréenne, sont en réalité l’expression d’une liberté individuelle : manger seul au restaurant, aller au cinéma sans compagnie, voyager sans destination commune, ou encore choisir de ne pas se marier ou de ne pas avoir d’enfants, dans un pays où la famille traditionnelle est encore considérée comme le pivot de la vie adulte.
La culture coréenne a historiquement considéré ces actions comme quelque chose à éviter, voire comme un signe d’isolement ou d’échec social. Cependant, Honjok vise à éradiquer ces préjugés, en affirmant que la solitude et l’autosuffisance ne sont pas à craindre, mais peuvent être des ressources de croissance personnelle. Au fil des ans, l’adoption de ce mode de vie est devenue de plus en plus courante, en particulier parmi les nouvelles générations, qui trouvent dans la philosophie Honjok un moyen d’exprimer leur singularité, loin des attentes traditionnelles rigides.
Un phénomène mondial
Le phénomène ne s’est pas arrêté aux frontières de la Corée du Sud. Aujourd’hui, le mouvement Honjok est devenu un phénomène mondial, attirant de nombreuses personnes dans différentes parties du monde, en particulier celles qui vivent dans des sociétés modernes où la solitude est souvent considérée comme une condition négative. Pour témoigner de l’influence de ce mouvement sur la culture contemporaine, le livre « Honjok, la méthode coréenne pour vivre heureux avec soi-même », écrit par Silvia Lazzaris et Jade Jeongso An, a récemment été publié. Il explore les implications de cette philosophie dans la vie quotidienne.
La philosophie Honjok n’est pas seulement un mode de vie, mais aussi un véritable acte de défi contre la culture du « faire pour le groupe » qui imprègne encore de nombreuses sociétés, y compris la société coréenne. Elle offre une réponse aux multiples pressions qui s’exercent quotidiennement sur les individus, en les invitant à regarder au-delà des attentes sociales et à se concentrer sur ce qui compte vraiment pour eux. Ce mouvement a eu un impact significatif, non seulement dans la vie des individus, mais aussi dans le débat culturel sur la valeur de l’individu par rapport à la collectivité.
Dans un monde qui tend à mettre l’accent sur la réussite collective et la conformité, Honjok apparaît comme un appel à la liberté intérieure, une invitation à redécouvrir sa propre identité, au-delà des conventions sociales et des chemins tout tracés. Il ne s’agit pas seulement de vivre seul, mais d’apprendre à être heureux avec soi-même, en appréciant sa propre compagnie sans se sentir inférieur ou exclu. En somme, la véritable révolution consiste à reconnaître que la solitude n’est pas une condition à éviter, mais un choix conscient qui peut mener à une vie plus authentique et plus satisfaisante.

